- TEST 1
Mis en ligne le 7/01/2011.
Test réalisé le 6/01/2011 à l’association Lîle (Villefranche de Lauragais) .
Nous avons enfin pu réaliser l’analyse de combustion sur le premier FLEXO+ construit selon les préconisations techniques de Planète Bois. Elle a été réalisé par Cyril BOUVIER, poêlier dans le Gers.
Description du test
1. Mise en condition du poêle.
Comme la salle de spectacle où se trouve le poêle n’est pas isolée le poêle n’est pas utilisé en continu, mais uniquement à l’occasion de soirées. Il a donc fallu le préchauffer afin que le test soit un minimum représentatif des conditions réelles d’utilisations : un départ à froid peut produire un excellent rendement (meilleure récupération de chaleur) mais avec risque de mauvaise combustion (tirage insuffisant). Je me suis donc rendu sur place la veille pour réaliser une bonne flambée, de sorte que le poêle ne soit pas trop froid pour le test. Cela n’est pas tout à fait suffisant, d’autant qu’avec les déperditions importantes du lieu la masse se décharge vite. J’ai donc placé un revêtement isolant sur les banquettes pour la nuit. Au matin le poêle n’était cependant déjà plus très chaud …
2. Note sur le bois utilisé.
Nous avons utilisé du résineux de récupération (planchettes de palettes) qui avait été stocké dehors sous la pluie. Pour qu’il sèche et permette de réaliser une combustion correcte, je l’ai placé dans le conduit d’alimentation du poêle toute la nuit, après la flambée de la veille. Au matin il affichait un taux d’humidité de 8% (en général du bois bien sec est entre 15 et 18%). Le fagot d’environ 6 kg à été ajusté au format 20/20 cm et lié avec une ficelle pour pouvoir être introduit dans la zone de chargement facilement.
3. Conditions du test.
Ce jour là le vent était assez intense (dans le Lauragais, quand le vent souffle, c’est du sérieux !) ce qui fait que le tirage était tout à fait bizarre (irrégulier avec à-coups). Ce ne sont pas des conditions idéales pour réaliser un test, mais c’était ce jour là ou jamais …
4. Déroulement du test.
Cyril n’était disponible que quelques heures. J’ai donc fait le feu de préchauffage avant son arrivée (avec environ 3 kg de bois pour obtenir le lit de braises) puis une première flambée avec environ 6 kg de bois pour pré-charger les banquettes (à la fin de cette flambée la température des fumées évacuées était de l’ordre de 100°C. Lorsque Cyril est arrivé, il restait un lit de braise conséquent, que nous avons laissé réduire un peu (première plage de mesures, où l’appareil n’a pas pu relever de rendement).
Ensuite le foyer a été chargé à fond et mis en fonctionnement normal, puis le clapet refermé. Nous nous sommes vite retrouvés confrontés à des pics de CO, ce qui peut détériorer la sonde. A chaque pic important, nous avons retiré la sonde pour la préserver, puis avons essayé de ramener le poêle à un fonctionnement idéal.
Cyril a rapidement trouvé que l’air primaire était en excès, même en fermant complètement le couvercle qui est très peu étanche.
Cet excès d’air, associé à du bois très sec et plutôt médiocre a provoqué un embrasement beaucoup trop rapide de la masse de bois, qui s’est retrouvée grignotée vers le haut. Je n’avais jamais vu ça dans de telle proportions : normalement le bois ne se consume qu’au fur et à mesure qu’il descend sur les braises par gravité. On n’observe jamais le haut du tas prendre feu … et il n’y a quasiment aucune flamme dans le conduit d’alimentation, hormis quelques flammèches à proximité de la tuyère.
On peut donc affirmer que le test réalisé n’est pas représentatif d’un fonctionnement normal, ce qui est fort dommage …
Après quelques tâtonnements nous avons néanmoins réussi à obtenir une phase d’environ 1/2 h durant laquelle le fonctionnement a été tout à fait correct. Nous avons d’abord tenté de fermer hermétiquement le couvercle avec un joint improvisé pour réduire la puissance de combustion. Cela a bien fonctionné mais après peu de temps le feu a commencé à s’étouffer par manque d’air. Nous avons tenté de remettre l’entrée d’air primaire en position normale, mais le taux de CO est vite remonté à nouveau. Ce n’est qu’après avoir ajusté l’entrée d’air à une section très faible (environ 3 cm²) en conservant le joint improvisé que la combustion s’est déroulée proprement avec un jolie bruit caractéristique (ronronnement de chaudière fuel) et des taux de CO très honorables.
5. Résultats du test.
Vous constaterez sur le diagramme ci dessous et dans le fichier excel testflexo06012011.xls que nous avons eu des pics de CO assez impressionnants tout comme des taux de CO très faibles à d’autres moments. D’après Cyril, qui était très intrigué par cette technologie de combustion inconnue, le système est prometteur mais il demande mise au point au niveau de la gestion des entrées d’air.
Le CO ramené à 13% d’O2 est de 2600PPM soit 0,26% ce qui reste inférieur aux 3% ciblés par la norme.
Durant la 1/2h de fonctionnement optimal on a un CO moyen à 13%d’02 de 388PPM soit 0,04%.
Ici en anglais une notice d’interprétation des tests commentinterprteretcorrigerlesrsultatcoo2pembertonpigotthedon.pdf
6. Interprétations.
Le mode de fonctionnement proposé avec les plans est à mon avis tout à fait adapté au foyer : il est issu des expérimentations de Planète Bois dont les spécialistes savent de quoi ils parlent. Il est d’ailleurs précisé que pour un fonctionnement optimal la combustion doit être bridée au moyen d’un défaut d’air primaire (obtenu avec une section préconisée de 10 cm² pour le modèle 20kW).
A mon avis 2 points ont provoqué ce fonctionnement imprévu.
- le couvercle métallique du conduit d’alimentation est déformé à cause de la chaleur et présente ainsi une étanchéité très médiocre : lorsqu’on règle l’entrée d’air primaire à 0,5cm (soit 10 cm² environ) l’air aspiré sur tout le pourtour du couvercle, ce qui amène probablement la section réelle à 25 cm² au moins. Du coup le foyer fonctionne en sur puissance au lieu de fonctionner à régime nominal.
- le bois de mauvaise qualité (partiellement dégradé par le temps et les moisissures lors de son stockage aux intempéries) est probablement en partie responsable de cet embrasement bizarre vers le haut. Il est probable que s’il avait était moins sec le phénomène aurait été moindre. L’idéal reste néanmoins du bois très sec, mais non dégradé, et si possible dense.
Bien évidemment les conditions atmosphériques ont un rôle dans tout ça, mais difficile de dire dans quelle mesure elles ont influencé le test.
7. Préconisations
- Au vu de ce que j’ai pu constaté sur d’autres poêles du même type (notamment le FLEXO 2 banquettes avec lequel j’ai pas mal fait joujou) un couvercle en béton réfractaire présente moins d’introduction incontrôlée d’air primaire, d’autant plus qu’il est équipé d’un joint tresse (ce qui n’est pas le cas sur ce poêle). Par contre ce poêle est équipé d’un bac à cendres muni d’entrées d’air. Et j’ai pu constaté qu’effectivement, les moments où il fonctionne le mieux c’est couvercle fermé, avec les entrée d’air du bac à cendre ouvertes au minimum (environ 3 cm²). Cela dit, le bac à cendre et le couvercle n’étant pas hermétiques, la section réelle doit être largement supérieure à 3 cm², mais probablement pas supérieure à 10 cm².
- L’introduction d’air par le bas, sous une grille, offre l’avantage de réduire les braises efficacement au fur et à mesure qu’elles sont produites. Ainsi le tas de braises restant à réduire avant la mise à l’arrêt est bien plus faible. Et il est réduit beaucoup plus efficacement et de manière beaucoup plus totale qu’avec une entrée d’air par au-dessus.
CONCLUSIONS : Le test à montré le potentiel du poêle FLEXO+, mais aussi ses limites. Il peut fonctionner de manière très efficace sans trop d’intervention à condition d’utiliser des dispositifs de réglage d’air parfaitement efficaces. Moyennant quoi les réglages préconisés par les concepteurs devraient être les bons. Cela reste à vérifier, ce que je ne manquerai pas de faire la prochaine fois que j’ai accès à un Testo.
Si faire quelques tests vous tente et que vous êtes équipés d’un Testo, il y a un poêle à tester dans le Gers, et un dans les Landes … Je vous attends !